mercredi 8 février 2012

Deux artistes de Jean-François Chevrier : Patrick Faigenbaum

Cet article, comme le précédent, est le résumé d'un chapitre du livre de M. Chevrier Entre les beaux-arts et les médias : photographie et art moderne  

Patrick Faigenbaum - Portrait de ma mère
Patrick Faigenbaum est portraitiste. Selon J-F Chevrier, il apprend cela lentement, à son rythme, comme une technique, un métier. Il commence à photographier ses proches quand, en France, la photographie est dominée par le reportage d'auteur avec, pour références, l'école portraitiste américaine : Richard Avedon, Eugene Smith et Bill Brandt. Les photographies sont faites dans le décor quotidien comme "une enquête sur lui-même et, sans doute, une sorte d'exorcicsme". Il joue de cadrages affirmés et violents, de la composition, des relations entre les figures, "du jeu entre le corps et le décor" pour établir ce que l'on peut appeler un style.
Patrick Faigenbaum

Il sort ensuite, à partir de 1983, du cercle de la petite bourgeoisie parisienne de laquelle il était issu pour photographier les familles aristocrates italiennes. Ces photographies font écho aux tableaux d'ancêtres accrochés au mur, dans ces palais imposants où il n'est admis que peu de temps, l'architecture dicte définitivement leur place aux corps et aux groupes qui sont pliés sous le poids du décor.

Patrick Faigenbaum - Famille Gaetani, Naples
Une série à Rome réalisée dans le même temps nous éclaire sur le processus créatif qui guide la confection de ces portraits de groupe, il s'agit d'une série de reproductions de bustes d'empereurs romains. Ces deux séries procèdent en fait du même mouvement, mais dans des sens contraires ; la première va de l'original vers la copie quand la seconde tente de faire un original d'une copie. 

Patrick Faigenbaum
Si ce mouvement déjà évoqué plus haut entre la photographie, la peinture et la reproduction en général est fondamental chez Faigenbaum, il n'en devient que plus évident quand on envisage les mises en scènes très théâtrales qu'il opère sur ses modèles italiens. Ou plutôt les mises en scène "dé-fictionnalisées" dont ils font l'objet : "chaque modèle s'éloigne en devenant l'acteur de son propre personnage". La présence du photographe est, comme par exemple dans les portraits de Thomas Struth, évidente, tous les regards convergent vers lui, celui qui les ordonne et les dirige.

Patrick Faigenbaum - Famille Del Drago, Rome
Enfin, le groupe est un tout insécable ; les individus en sont comme prisonniers, ils ne peuvent s'en détacher, ils ne peuvent échapper à l'hypothèse généalogique du portraitiste. Celle-ci se fonde sur un réseau de ressemblance des individus entre eux d'abord, mais aussi entre la photographie et la peinture, elles-mêmes imaginées dans un rapport de descendance. Depuis les références picturales aux Annonciations, à Velasquez, aux photographies de Diane Arbus jusqu'aux références plus indécelables, la photographie est ici oeuvre de mémoire, et avant tout mémoire d'elle-même, mémoire de représentation.

Patrick Faigenbaum - Famille Moncada di Paterno
Patrick Faigenbaum a trouvé dans la photographie le médium parfait pour exprimer ce qu'il voulait : la ressemblance comme preuve d'une identité singulière mais aussi d'appartenance sociale à une famille, à un groupe, à des modèles communs.
Patrick Faigenbaum - Famille Massimo, Rome
Patrick Faigenbaum

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